Interview: David supporter passionné du Rugby Club Toulonnais

RCT interview côté vestiaire

Comme chaque jeudi, la parole est donnée à des supporters. Cette semaine, Coté Vestiaire  vous propose de découvrir la passion d’un supporter impliqué du Rugby Club de Toulon

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots

RCT interviewJe m’appelle David, j’ai 26 ans et je suis 100% Toulonnais puisque né à Toulon. Je tiens depuis plus de trois ans maintenant le Blog non officiel sur le RCT (www.blog-rct.com). Celui-ci regroupe l’intégralité de l’actualité du RCT au quotidien. Tous les jours, 365 sur 365 jours des articles sont publiés. Ce blog permet à chaque supporter de pouvoir s’exprimer et de donner son avis sur le club en général ou une actualité en particulier. C’est vraiment un espace où nous souhaitons rassembler un maximum de supporter et créer ainsi un endroit convivial pour débattre sur notre club de coeur.


Est-ce que vous vous souvenez de votre premier match ? Si oui, pouvez-vous nous le raconter ?

J’ai quelques flashes de mon premier match à Mayol. Il me semble que c’était contre Bègles-Bordeaux en 1993. J’étais assis sur les genoux de mon père. Je ne me rappelle ni du score ni même du vainqueur.

Depuis combien de temps suivez-vous le RCT ?

Je me rappelle que, petit, vers l’âge de 8 ans, je pleurais souvent les jours de match en regardant par la fenêtre les voitures se garer sur le rond-point, priant mon père de se rendre avec moi au stade. Malheureusement, la réponse était souvent négative. Vers l’âge de 14 ans, j’allais au stade avec deux ou trois copains. A cette époque, les anciens nous distribuaient des places devant le stade. Il faut dire que celui-ci était vide puisque Toulon était en seconde division, en milieu de tableau, et affrontait alors des équipes telles que Aubenas, Tyrosse ou encore Marmande. Depuis 2005 environ, j’ai contaminé mes parents et ma sœur, qui sont tout autant supporter que moi.

Le Rugby un sport de respect en évolution

En deux mots comment définiriez-vous le Rugby

Le Rugby, un sport de combat où le respect de l’adversaire et de l’arbitre prédominent.

Selon vous, qu’est ce qui fait la force du Rugby

RCT interview côté vestiaireSouvent, lorsque de minimes dérives arrivent au rugby, les grands passionnés de ce sport ont tendance à dire: « Le rugby commence à devenir comme le foot malheureusement ». La principale différence entre le foot et le rugby est que, durant un match de rugby, si un joueur est réprimandé par l’arbitre et sanctionné d’un carton, il ne se permettra jamais de rouspéter et d’intimider celui-ci. Le respect est l’une des plus grandes valeurs de ce sport et c’est, selon moi, ce qui fait la force du rugby. Un match de rugby c’est violent, avec des plaquages, des regroupements, des bagarres… mais dès que le coup de sifflet final a retenti, l’ensemble des joueurs se serre la main et va boire une bière durant la troisième mi-temps. Il en est de même dans les tribunes. Jamais une bagarre n’a éclaté dans les tribunes des deux divisions professionnelles ou alors elles sont très rares. Ce qui prime, c’est la festivité, la convivialité et le respect.

Comment voyez-vous le rugby dans 10 ans ?

Le rugby a beaucoup évolué ces dernières années. Il y a 20 ans, ce sport n’était pas professionnel mais uniquement amateur en France. Il a donc fallu du temps pour que les choses se mettent en place. Depuis quelques années maintenant, nous voyons que des hommes, souvent des directeurs d’entreprises injectent des sous dans des clubs afin de créer une économie. C’est exactement ce qu’a fait Mourad Boudjellal, le président du Rugby Club Toulonnais. Il a repris un club qui avait de grosses difficultés en Pro D2, a injecté de l’argent et a fait venir des stars mondiales de ce sport pour faire remonter le club à sa place. Aujourd’hui, nous voyons que Toulon est leader du Top 14 et a une économie saine. D’autres cas similaires sont à relever comme Mohed Altrad, le président du club de Montpellier ou encore Thomas Savare qui a racheté le Stade-Français. Ainsi, je pense que dans 10 ans, d’autres hommes d’affaires viendront racheter des clubs pour faire venir un maximum de stars mondiales dans le Top 14. Des rumeurs évoquent d’ailleurs que les Emirats Arabes Unis seraient intéressés pour investir dans des clubs de rugby du championnat Français. Dans un degré bien évidemment moindre, on se dirige vers le cas du PSG avec les Qataris. Les équipes seront alors toujours plus fortes avec des joueurs mieux formés et mieux payés. Le foot est très loin devant le rugby en termes de popularité. Même si le rugby ne rattrapera vraisemblablement jamais le foot, l’écart pourrait peut-être se réduire.

L’évolution de votre sport vous fait-elle peur ?

Cette évolution peut faire peur aux anciens, qui aiment rappeler que « c’était mieux avant ». Néanmoins, une équipe de rugby c’est un peu comme une entreprise et sans argent, on ne peut pas prétendre à la tête du classement. Il faut accepter l’idée d’évoluer. Néanmoins, évoluer ne veut pas dire oublier toutes les valeurs que regroupe ce sport. Je trouve que l’argent est monté à la tête des footballeurs et certains de leur salaire sont astronomiques. Il ne faudrait pas que le rugby prenne de telles proportions.

 Une passion :« Toulon respire rugby et vit rugby au quotidien »

RCT interview côté vestiaire

Qu’est-ce que le club de Toulon a de plus que les autres ? (Hors sportifs)

RCT interview côté vestiaireLe club de Toulon est connu pour avoir des supporters au sang très chaud. A Toulon, il y a une ambiance très particulière notamment dans le Stade Mayol. Cette ferveur n’est pas évidente dans d’autres clubs. Je ne dis pas cela par chauvinisme, mais pour avoir fait de nombreux déplacements lors des matches à l’extérieur du RCT, je suis bien heureux d’être Toulonnais et de supporter le Rugby Club Toulonnais. C’est le RCT qui m’a fait aimer le rugby et non le rugby qui m’a fait aimer le RCT. Je ne suis pas sûr que, si j’étais né dans une autre ville rugbystique, j’aurais tant apprécié le rugby. Selon moi, on peut retrouver une telle ferveur à Bayonne, qui a des supporters extraordinaires, ou encore à Clermont qui a beaucoup de soutien de la part de ses fans. Il faut dire que Toulon respire rugby et vit rugby au quotidien. Un tiers des voitures dans la rue a un autocollant du RCT, et vous pouvez croiser à tout moment des gens avec un T shirt RCT ou un survêtement RCT. Tout le monde attend avec impatience le week-end pour le match et c’est vraiment plaisant. Et puis, un stade implanté dans le centre-ville, à quelques mètres du port seulement, il n’y en a pas deux en France. Et encore, je n’ai pas parlé du pilou-pilou, le cri de guerre qui rassemble tous les supporters derrière l’équipe à quelques secondes du coup d’envoi. Un moment qui donne la chair de poule.

Comment définiriez-vous l’état d’esprit de votre club ?

Le dernier titre du RCT date de 1992. Depuis, aucun trophée n’est venu garnir le club house du RCT. Cela veut dire que depuis 21 ans maintenant, le club n’a rien gagné et c’est très dur à vivre pour les supporters Toulonnais. Certes, Toulon est remonté en première division et a donc gagné le titre de champion de France de Pro D2. Mais seul le Brennus intéresse les supporters Varois, et peut-être un peu la Coupe d’Europe tout de même, mais beaucoup moins je pense. Passé très proche du titre l’an dernier avec une défaite en finale contre Toulouse au Stade-de-France, vous imaginez bien que cette saison, l’ensemble des supporters mais également le staff, les joueurs et les dirigeants du club sont tous soudés, plus que jamais, pour décrocher ce fameux titre de champion de France.

Êtes-vous satisfait de l’image de votre club ? Si non, vous qu’est-ce que vous changeriez?

RCT interview côté vestiairePour être honnête, Toulon n’est pas bien apprécié de la plupart des fans de ce sport. En effet, le club est souvent critiqué sur les réseaux sociaux, les forums et autres sites rugbystiques. On va dire que notre président, Mourad Boudjellal ne garde pas sa langue dans sa poche et cela peut en irriter certains. Parfois, cela irrite même nos propres supporters. Souvent, les supporters Toulonnais sont traités de voyous. Je trouve cela bien triste puisque, je vais au Stade Mayol depuis une quinzaine d’années et jamais je n’ai vu de dérapage dans les tribunes. Les Toulonnais ont le sang chaud, voilà tout, mais ils ne sont pas méchants pour autant. D’un point de vue sportif, Mourad Boudjellal a fait venir de nombreuses stars mondiales du rugby. Cela a peut-être provoqué la jalousie de certains supporters adverses qui qualifiaient alors nos joueurs de « mercenaires » et affirmaient qu’ils ne venaient à Toulon seulement pour l’argent. Si certains d’entre eux sont en effet venus pour l’argent, la plupart se sont vraiment impliqués et ont permis à Toulon de retrouver sa place dans le championnat Français. Donc oui, je suis satisfait de l’image de mon club, même si j’apprécierais qu’il y ait moins de haine à notre égard. Nous ne sommes pas des voyous et nos joueurs ne sont pas des mercenaires.

Votre vie de supporter

Selon vous, qu’est-ce qu’un vrai supporter?

Un vrai supporter supporte son équipe dans les victoires comme dans les défaites. Un vrai supporter ne va pas siffler ou insulter ses joueurs lorsqu’ils sont en difficulté. Il est trop facile de retourner sa veste dans ces moments-là, surtout que les joueurs ne font pas exprès de perdre ou d’être mauvais. Le rôle du 16ème homme est vraiment important au rugby et notamment pour les matches à domicile où les arbitres peuvent être légèrement influencés dans leurs décisions, mais cela fait partie du jeu. A Toulon, le supporter est très exigeant. Une défaite est toujours très mal vécue, et les supporters sont très affectés, mais il ne faut pas pour autant tomber dans de mauvais travers.

Racontez-nous un jour de match type

RCT interview côté vestiairePour ma part, j’habite à proximité immédiate du Stade Mayol. Ainsi à quatre heures du coup d’envoi, nous pouvons déjà apercevoir les premières voitures qui se garent sur les ronds points et les trottoirs tout autour du stade. Les bars aux alentours du stade se remplissent au fur et à mesure que le coup d’envoi approche, la bière coule à flot tout comme le 51, toujours dans une ambiance festive. L’odeur des merguez et des grillades se fait souvent sentir. Il faut des forces pour encourager son équipe. A une heure trente du coup d’envoi, les joueurs Toulonnais arrivent ensemble au Stade en un car. A la descente du bus, ils se dirigent vers l’entrée du Stade. Pour cela, ils doivent se frayer un chemin. Autour d’eux, une foule de supporters en délire les acclame pour les encourager et leur montrer le soutien de tout un peuple. Le stade Mayol se remplit de plus en plus pendant que les joueurs s’échauffent sur la pelouse. Le speaker annonce les compositions des équipes et les joueurs entrent aux vestiaires pour revêtir le maillot du match. C’est là que l’ambiance commence à grimper, avec les clameurs du public lors de la composition du RCT. Vient alors le moment du Coupo Santo, l’hymne provençale chantée par Occi Cant, un groupe local. Quelques minutes plus tard, les joueurs sont prêts et entrent sur la pelouse dans une ambiance exceptionnelle avant que le pilou pilou ne retentisse et te donne une chair de poule mémorable. Le combat peut alors commencer et va durer pendant plus de 80 minutes. A l’issue de la rencontre, souvent le RCT l’emporte et les joueurs se font applaudir pendant un tour d’honneur bien mérité. Si la défaite est au rendez-vous, quelques supporters s’évadent du stade à quelques secondes du coup du sifflet final, la peine étant trop grande. Il arrive qu’une petite bronca puisse se faire entendre si les joueurs ont vraiment réalisé un mauvais match. Pour autant, il y aura toujours plus de supporters le match suivant, le Toulonnais n’est pas rancunier, bien au contraire.

Quel est votre plus beau souvenir de supporter?

J’en ai trois. Le premier est la remontée du club en première division en 2005. Ce fut vraiment extraordinaire, moi qui n’avais jamais vraiment connu le RCT dans l’élite du rugby Français. Vivre un match à gros enjeu est vraiment très stressant mais extraordinaire lorsque son équipe l’emporte. Toute l’équipe a été portée en triomphe sur l’avenue de la république, autrement dit l’avenue du port. Des milliers de supporters acclamaient les joueurs pour les remercier de leur avoir donné tant de bonheur après tant d’années de galère.

Le second est paradoxal: la défaite du RCT en demi-finale du Top 14 en 2009 contre Clermont à Saint-Etienne a été un très grand moment. Au bout d’un match magnifique et complètement fou, sûrement l’un des plus beaux de ces dernières années, notre équipe a perdu à l’issue des prolongations. Bien qu’éliminés de la compétition, j’étais terriblement fier des joueurs qui avaient réalisé une prestation incroyable et un spectacle mémorable. A cela, venait s’ajouter la tristesse de ne pas aller au Stade de France le week-end suivant pour la finale du championnat… une sensation très bizarre mais une immense fierté.

RCT interview côté vestiaireEnfin le troisième est plus récent, il s’agit de la finale du Top 14 2012. Malheureusement pour nous, Toulon s’est incliné contre Toulouse, mais l’avant match était simplement fabuleux. Voir des milliers de Toulonnais envahir la capitale, voir arriver des trains combles de supporters à la Gare de Lyon, voir le rassemblement des supporters à la Bastille. Ce fut vraiment le plus beau moment en tant que supporter du RCT. Jamais le peuple Toulonnais ne s’était retrouvé aussi nombreux si loin de sa base. Nous espérons tous retrouver le Stade de France en juin prochain, avec une victoire et un titre de champion de France à la clé. Je pense d’ailleurs qu’après avoir connu un titre, on perd quelque part une petite saveur puisqu’on a goûté au plaisir extrême qu’est être champion de France.

Merci beaucoup d’avoir répondu à nos questions et à bientôt dans un stade ou ailleurs!

Vidéo du Pilou Pilou par Charles Berling

Publié le 28/03/2013, dans Rencontres, et tagué , , , . Bookmarquez ce permalien. 2 Commentaires.

  1. j’ai rarement vu un discours si plat et stérilisé

  2. merçi Dav pour ton commentaire j’ai beaucoup aprecier

Laisser un commentaire